Ivre. Il n’y avait aucun doute là-dessus, elle était ivre. Ses cheveux volaient au vent, lui arrachant des frissons, faisant trembler tout son corps. L’alcool dont elle était imbibée n’avait pas arrangé son état. Elle s’en voulait. Son corps avait, une fois encore, agi sans elle. Trop d’informations en trop peu de temps. Les pensées s’étaient accumulées dans son esprit, la poussant à se vider la tête. Un rail de coke plus loin, elle était prête à se faire sauter par un nouvel inconnu.
Dans la rue, elle pestait. Son corps, automatisé, baiserait n’importe quoi, n’importe qui, si cela pouvait l’éloigner des mains chaudes de l’homme qui l’avait élevée. Passé violent, enfance violée qui avait éclos en une adolescence accro au sexe. Nymphomane non soignée, la gamine tournait de plus en plus mal, à peine rattrapée par les bras forts de son meilleur ami. Ce soir-là, c’était avec lui qu’elle avait merdé.
Il était le seul à vraiment la connaître, et ce même s’il ne savait pas un quart de tout ce qu’elle avait vécu, même s’il ne se doutait pas du bordel dans lequel elle vivait. Il la sauvait, tous les jours, de sa simple présence, de son simple rire. Mais ce soir-là, ses mots avaient été trop forts. Ils l’avaient bousculée. Et elle avait merdé.
Elle aurait pu lui parler. Lui prendre la main, l'emmener loin de cette maison dégueulasse, et lui parler de tout et de rien, lui faire comprendre qu'elle était bien avec lui, mieux qu'avec n'importe qu'elle autre enflure qui la sautait. Mais les mots étaient trop compliqué. Et à rester là, la drogue dans le sang, le vide dans la tête, son corps avait pris le dessus. Elle s'était laissée faire.
Elle avait merdé. Dans la rue, marchant aussi vite qu'elle le pouvait, elle devenait folle de savoir qu'il lui en voulait.
Ivre. Elle était ivre, mais tentait aussi bien qu’elle le pouvait de se persuader du contraire. Jordan laissa son doigt un peu trop longtemps appuyé sur la sonnette. Nevermind. Elle se sentait sale. Elle attendit, impatiente, chancelante, devant la porte de l’appartement de Raphaël. Elle voulait arranger ça. Elle devait arranger ça. Effacer le mal qu’elle avait pu faire. Ne pas le blesser. Pas lui. Jamais.
Elle sonna à nouveau. C’est moi. Intérieurement, elle le suppliait. Ouvre. Intérieurement, elle se suppliait. Tiens bon.

La soirée s’était annoncée très intensive ce soir, c’est pourquoi il était rentré chez lui de bonne heure à la plus grande surprise de son frère qui n’y était pas allé malgré lui dû à un surplus de travail. Il n’eut même pas pris la peine de dire bonsoir à son frère qu’il était déjà parti dans la salle de bain claquant la porte derrière lui. Il se déshabille, ne garde que sa casquette et se regarde dans le miroir en repensant à tout les éléments qui ont précéder. Il serrait les dents avant de dégager tout ce qu’il y avait sur les rebords de l’évier d’un seul coup de main pris par les nerfs. La colère l’hantait il n’avait qu’une seul envie c’était de retourner à l’époque où elle était encore là, pouvoir revivre près d’elle, l’avoir dans ses bras. Tout était tellement parfait pour lui à cette époque. Il avait trouver son âme sœur, celle qui le comprenait dans un seul regard, qui savait la moindre chose sur lui, oui ils pouvaient lire dans l’un et l’autre comme dans un livre c’était même bien plus simple que cela. Cette époque n’a jamais réussit a être enterré réellement pour lui. Il pense à elle dès qu’il est énervé, dès qu’il sent que plus rien ne va mais aussi quand il a l’impression de lui être infidèle car même sous terre il a l’impression de devoir garder tout ses principes qu’il avait avant quand il était avec elle. Toucher une autre femme qu’elle était au-dessus de ses moyens. Ce soir, cela avait dérapé avec sa meilleure amie. Jordan. Il n’avait pas ressentit le moindre reproche, le moindre dégout de lui-même, la seule chose qu’il avait ressentit c’était l’envie. Peut-être que c’était une envie passagère, il n’en savait rien, mais c’était quelque chose d’unique qu’il avait déjà ressentit auparavant pour elle. La voir quelques minutes plus tard entrain de sauter sur un autre l’avait plus qu’écœurer. C’est au moment où il n’avait rien ressentit d’infidèle, où justement il s’était sentit bien qu’elle avait déconné. C’est devant le miroir à présent qu’il se sent sal, et trahit. Il ne comprend plus le monde d’aujourd’hui, ses parties de jambes en l’air qui n’ont aucunes significations. Il a toujours détester ça, et à cette impression de vivre comme dans un autre monde, un monde étranger où tout est différent de comment lui a toujours vécu. Quand il voit son frère tout les jours ramener une fille différente, il ne le juge pas mais n’en pense pas moins. Il n’a pas envie d’essayer mais commence à y penser plus sérieusement. Pourquoi les autres et pas moi ? Je suis pas trop bon, j’ai mes défauts putain. Il saute dans la douche se sentant bien plus que sal et saute ensuite dans son lit ne s’habillant que d’un boxer n’aimant pas dormir nu. La musique le berce mais le sommeil n’est pas au rendez-vous, il n’arrive pas à s’endormir pensant trop à tout et rien. C’est dans son sommeil profond que l’on sonne à la porte, il ronchonne et patiente pensant que son frère irait ouvrir. A la deuxième sonnette il se lève énervé. « fait chié ! », il ouvre la porte énervé et découvre Jordan en relevant le regard. Il fronce les sourcils repensant à la soirée, et n’a qu’une seule envie : lui fermer la porte au nez. Mais trop bon, trop con. Il l’a laisse ouverte. « Si c’est pour tirer ton coup va voir à l’étage au dessus. ».

Il ouvrit. Elle sursauta, ou presque. Il avait ouvert. Il était là, en face d’elle. C’était à son tour de parler, alors. Elle devait parler. Vite. Dire quelque chose. N’importe quoi. Son esprit se cassait la gueule sur tout l’alcool qu’elle avait bu. Incapable. Elle était incapable de prononcer un mot, de fabriquer une phrase. Il enchaîna plus vite qu’elle, soufflant des mots violents, arrachant un cri silencieux à la blonde. Elle devait faire face. Bomber la poitrine, garder la tête haute, encaisser. Parce que ce soir, tout était de sa faute. Elle le savait. Elle devait se rattraper.
Quelques secondes passèrent sans qu’aucun mouvement ne se fasse. Le délai de réaction était long. D’un coup, Jordan se reprit. Elle fit un pas à l’intérieur de l’appartement, baissant les yeux sur son meilleur ami, pas assez forte pour affronter sa colère de face. « Raph… Arrête. » Elle frissonna. Ses yeux clairs, rougis par l’alcool, la drogue et les quelques larmes qui avaient pu s’y former, passèrent en revue l’appartement. Que faire, maintenant ? Elle avança, sans vraiment penser à la destination, mais plus aux efforts qu’elle faisait pour marcher plus ou moins droit.
« C’est bon, tu vas pas me faire la gueule pour un truc con comme ça, bordel. C’est de la merde, on s’en fout là, c’est bon. » La colère dans ses mots ne tint pas longtemps. Elle se retourna, le regard déjà désolé. Sa voix se fit plus douce, plus suppliante. « M’en veux pas... C’est moi la conne, ok. M’en veux pas. J’veux pas te blesser. » Les excuses sortiraient difficilement. Elle n’était pas douée pour ça, ne savait pas faire ça.
Elle l’attira vers lui. Doucement. Elle le regarda. Honteuse. Déjà blâmée pour trop partager son corps, elle savait le mal que cela pouvait faire, mais se retrouvait à chaque fois victime des addictions de son corps. Raphaël, aussi étrange cela puisse-t-être avec un tel entourage, n’avait jamais couché à gauche à droite. Elle lui portait un immense respect pour ça, mais ne savait se conduire comme lui. Elle devait effacer les traces de son père sur son corps, tout le temps.
Ses yeux rivés vers ceux du garçon, s’excusaient à la place des mots qu’elle n’arrivait pas à prononcer. « Steuplait, Raph... »

Le regard froid, les lèvres qui se contracte au moindre mouvement de gencive à chaque moment où il serre les dents le rend encore plus nerveux et en colère. Il l’a laisse entré malgré lui comme à son habitude. Oui ça se passe comme ça en générale. Il ouvre la porte, elle entre. Pas besoin de se poser de questions cela à toujours été une évidence. Seulement ce soir, il ne ferma pas la porte derrière lui pour lui faire comprendre que la porte est grande ouverte pour qu’elle dégage. Et la porte laisse entendre « Si tu connais pas la sortie, c’est par là. ». Il reste près de la porte un instant puis s’approche d’elle doucement. « Tu t’fou de ma gueule. Tu veux que j’me calme. Hein ? T’es marrante. Ouais. Tu me fais rire. », il rit nerveusement repensant à ce qu’il s’est passé tellement sur les nerfs. Il a comme un pincement au cœur à chaque fois qu’il y repense, et se pincement l’écœure ce qui explique tant de haine dans ses paroles. « Je pense que tu ne réfléchis pas assez et que tu devrais Jordan. On est pas sur la même longueur d’ondes je crois. » ses paroles lui font mal il a l’impression de se trahir lui-même. Ils ont toujours été très proche l’un et l’autre, quasi-inséparable, toujours à faire le con ou à se câliner. Un univers bien particulier : le leur. Une histoire qu’on ne comprend jamais, trop compliqué pour les yeux puisque cela bouger dans tout les sens. Il la regarde puis va vers le frigo et se sert un verre de jus de fruits rouges et commence à boire. Il tourne de nouveau le regard vers elle s’en voulant énormément pour son comportement et ce qu’il lui dit mais sans regretter de lui faire comprendre au moins un sixième de ce qu’il ressent. « Tu ne veux pas me blesser, je sais. Le problème c’est que tu agis trop avec ton vagin et non avec ton cerveau. Tu trouves ça normal toi ?! Putain mais réagis, j’suis ton meilleur ami ? J’suis quoi en fait ? Tu devrais savoir que se genre de truc c’est pas pour moi. » la regarde comme si elle ne le comprenait pas, il a l’impression d’y voir une partie étrangère quand il l’a regarde, et ses yeux rouges lui font rappelé à quel point elle n’est jamais parmi nous. La réalité selon Jordan devient beaucoup trop complexe.

Sursaut. Sursaut quand il claque la porte. Sursaut quand il se met à parler trop fort, trop vite, trop violemment. Jordan tremblait presque, chancelante, tentant de toutes ses forces de résister à ces assauts. Elle l’avait blessé. Il était fragile. Elle devait rester forte, ne pas éclater.
Mais il y eut le mot de trop. La phrase qui la fit déborder, elle et son alcool, elle et ses maux. Elle avait voulu rester calme, mais il y avait eu ce souffle en trop. Celui qui la déchira un peu trop fort, laissant tout ce qu’elle aurait dû taire éclater dans l’air tendu de la cuisine. Elle commença doucement, cria pour certaines phrases, murmurant pour d’autres.
« Ouais. Ouais je pense avec mon vagin. Ouais, mon corps est en libre-service. C’est pas nouveau Raph, ça fait plus de trois ans maintenant. Je suis une pute gratuite, ok. Une traînée. Tu vas t’y faire ? Je baise, je fume, je sniffe, je bois. Ok. C’est comme ça. » Son corps frêle dans la pièce tournait un peu en rond. Elle laissa tomber son sac sur le sol. Son regard flouté par l’eau salée qui ne sortait pas se posait de temps en temps sur le brun. « J’aime le sexe, j’en ai besoin, autant que des amphets et de tout ce que mon putain de corps peut prendre. Je me fais sauter. Dans la cuisine, dans les toilettes, sur un lit, dans une voiture, hmm, la banquette arrière. En public, parfois, au cinéma mais je suis trop bruyante, sur le sol de la cuisine. » Elle renversa un objet sans même voir de quoi il s’agissait. Ses yeux vinrent se planter dans ceux du garçon. « Dans une baignoire. C’est ma vie. C’est la vie de Jordan Kennedy Woodburn. Faut faire avec. » Silence. Une, deux secondes. « Tu crois quoi ? Que t’es la même chose pour moi que le connard qui a voulu me sauter juste après ? Tu crois que je m’en fous de toi ? Ou mieux, tu crois que je sais où j’en suis ? Que ça m’éclate de me paumer toutes les nuits ? T’es pas parfait non plus, Raph. Encore moins avec moi. T’es pas le seul fragile non plus. Regarde-moi. J’ai jamais changé. Je suis Jordan, Jordy, je suis moi. Tu t’attendais à quoi ? Tu veux quoi de moi ? Qu’est-ce que tu veux de la pute qui te sert de meilleure amie ? Je sais très bien faire la trainée. J’aime ça. » Elle chancela un peu plus, à la limite de tomber, les larmes toujours coincées dans la gorge. « Tu veux que je t’aide à baiser ? Mon fameux vagin sait bien faire ça, demande aux trois quarts de la ville. Si tu crois que je sais rien faire de mieux, hein. Tu veux quoi ? Dis-le. Tu veux que je me barre ? Je reviens plus. Ok. Si c’est ça qui peut te rendre heureux. Je m’en fous moi. Je m’en fous. »
Sa voix se perdit dans un plus gros sanglot. Ses mots, assourdissants, étaient aussi peu sensés que l’était dans lequel elle se trouvait. Mais exprimer la douleur en elle était bien trop dur. Agir avec ses sentiments était bien trop compliqué.
Dire comme elle avait mal, comme elle ne voulait qu'être dans ses bras, tout le temps, était au-dessus de ses forces.
Elle ne pouvait que craquer.

C’est dans de tel moment que celui-là que Raphaël a tendance a regretté les choses. En règle générale il ne se prend pas la tête et dès qu’une dispute commence à montrer le bout de son nez : il se barre. Oui il fuit les problèmes, il a toujours été comme ça. C’est son truc. Mais là, ils étaient chez lui donc aucun moyen de fuite possible il fallait faire fasse à cela et s’affronté aussi violemment que sur le ring puisque les paroles peuvent faire tout aussi mal qu’un uppercut in-désiré. Il la regarde, analyse ses faits et gestes en l’écoutant parler, ou du moins s’exprimer. Il n’a pas le temps de lui répondre elle est partie trop loin, dans un monologue qu’il a du mal à suivre et qui le rend en rogne contre lui-même. Il ne voulait pas lui faire du mal, et c’est à cette heure-ci cette nuit que les rôles s’inversent. Ses paroles avaient été trop loin pour la jeune femme qui en a les larmes aux yeux. Il sait malgré elle qu’elle est fragile. Il la connait et même s’il y a une partie d’elle qu’il a l’impression de ne pas connaître, il la connait. Son envie de la prendre dans ses bras. Mais il ne cède pas, il n’en a pas envie, trop de fierté. Quand elle fait tomber le cadre d’elle et lui il repense à tout ses objets qu’il n’a jamais supprimer de sa vie. Le miroir qui est dans sa chambre, sa brosse à dent dans la salle de bain, sa serviette avec lequel il se sèche, son lisseur rangé dans le placard de la salle de bain, se cadre qui est resté à sa place depuis la première fois où il l’a déposer. Il a comme un pincement au cœur quand le verre se brise mais se sent soulager d’un autre coté. Il ne prête presque plus aucune attention à Jordan qui part beaucoup trop loin dans ses propos, certaines choses pour lui le laisse penser qu’elle aurait put s’abstenir de tout lui dire. Tout lui déballer ce soir. Il s’approche du cadre, le ramasse pour le poser sur le bar. Il inspire doucement avant d’expirer. « Tu en dis trop. Toute ses choses j’ai pas envie de les savoir. Ce que tu comprends pas c’est que se monde c’est pas le miens. J’veux pas coucher avec une fille pour qu’elle aille se faire sauter cinq minutes plus tard et encore moins quand c’est ma meilleure amie. » il la regarde dans les yeux sans même baisser le regard et poursuit. « Ce que tu comprends pas non plus c’est à quel point tu comptes à mes yeux. Et toi et moi, on se respecte. Tu sais quels sont mes principes, et de base tu sais que pour le moment j’étais pas forcément prêt à coucher comme ça. C’est pas pour le fun, pas comme toi. ». Il attrape son verre et le termine avant de le déposer dans l’évier. Le cadre lui a enlevé un poids il a l’impression qu’elle commence à s’effacer doucement mais progressivement. Jordan a toujours compté à ses yeux mais leur relation a toujours été très étrange mais pas à ce point. Ils se sont encore plus rapprochés depuis qu’elle est partie puisqu’elle est sa meilleure amie et qu’elle était là pour lui. Il n’aurait jamais pensé que ça irait si loin, mais il ne regrette rien. « Je ne regrette pas ce qui s’est passé hier soir. Je te le dit cash, ok. Je pense qu’on est grand, et tu comptes tellement pour moi que des fois je ne sais plus où j’en suis. ». Son regard recroise le sien, et son envie de la prendre dans ses bras est toujours là. Il ne pleure pas, mais son cœur lui est en sanglot. Il s’approche doucement d’elle et lui bloque les mains. Il pose son front contre le sien. « Calme toi. » il sent les vibrations de ses membres contre les siens, elle tremble. Un tremblement dû à un mélange de drogue, d’alcool mais aussi causé par les nerfs. Il l’attire contre lui et la prend dans ses bras.

Le silence se fit, quelques secondes. Jordan, à fleur de peau, regrettait déjà. Les mots qu'elle avait lancés venaient frapper son esprit saoul. Elle aurait pu tomber à la renverse, si ses yeux humides ne s'étaient pas posés sur la photo qu'elle venait de renverser. Il lui fallut un long moment pour reconnaître la fille qui se trouvait à côté de Raphaël, trop ivre pour penser rapidement. Un frisson parcourut son corps. Le garçon se pencha vers le cadre brisé et le ramassa. La peur gagna la blonde. Qu'allait-il faire ? Comment allait-il réagir ? Elle se sentait si loin de lui quand il s'agissait de son ancienne copine, de la seule qu'il avait aimée. Étonnamment, il resta calme, ce qui valut à la jeune de se sentir encore plus coupable. Il s'adressa à elle doucement. Ses yeux bleus posés sur lui, Jordan retenait des larmes qu'elle ne méritait pas. Elle avait été la mauvaise dans l'histoire. Elle avait merdé. Malgré l'alcool, elle gardait conscience de ça. Elle le laissa faire. Elle écouta ce qu'il disait sans réagir, le regard perdu dans le sien.
Elle aurait aimé lui dire tout ce qu'elle ressentait. Elle aurait aimé lui dire comme elle était bien dans ses bras, juste dans ses bras. Elle aurait aimé lui expliquer qu'il n'y avait qu'auprès de lui qu'elle se sentait en sécurité, qu'il était le seul à chasser ses cauchemars. Elle aurait aimé lui dire tout ce qu'elle avait vécu. Que rien de ce qu'elle faisait maintenant n'était pour le fun, mais simplement pour chasser les vieux démons de son père qui ne la quittaient jamais vraiment. Comme elle aurait voulu qu'il soit heureux, qu'il arrive à oublier ses malheurs, à passer à autre chose. Elle aurait aimé lui raconter tout ce qu'elle avait vécu, les mains de son paternel sur elle, parfois pour la briser, parfois pour l'aimer de force. Mais ses lèvres étaient toujours restées closes. Elle n'avait jamais réussi à formuler ses maux.
Il vint vers elle, posant son front contre le sien. Elle le regarda, lui hurlant en silence à quel point elle avait besoin de lui, à quel point elle était perdue après tout ce qu'il avait dit. A quel point elle était désolée. Elle tremblait, des gouttes salées coulant sur ses joues pâles.
Il la serra contre lui, elle arrêta de respirer quelques instants. « Je t'aime putain. » Elle soupira un peu, se laisser aller à pleurer dans ses bras. Ses mains tremblantes se glissèrent dans le dos du brun. Elle articula difficilement quelques mots de plus. « C'était pas pour le fun. »
Ses mots, empreints d'un sens qu'elle n'avait voulu donner, étaient pourtant constatation de la simple vérité. Elle n'avait jamais joué, avec lui. Rien n'avait été pour le fun, avec lui. Avec les autres hommes, l'histoire et les motivations étaient différentes, mais le fun restait une simple façade, la vraie raison étant clairement la fuite de son passé.
Elle voulait s'excuser. Lui dire que peu importait, tant qu'elle restait là, contre lui. Elle leva le visage vers lui, observant ses traits du mieux qu'elle le pouvait. L'envie de l'embrasser pour effacer les dernières heures si douloureuses lui brûlait le ventre, mais elle se retint et vint simplement déposer un baiser sur sa joue. Elle demanda, murmurant presque, effrayée à l'idée de retourner dans le squat qui lui servait de dortoir dans un tel état, « Je peux rester là pour dormir ? ». Elle soupira à nouveau, reposant sa tête sur l'épaule de son meilleur ami. « Je sais pas où on en est non plus. Mais je regrette rien de ce qu'il s'est passé avec toi. » Un léger hoquet vint conclure sa phrase. L'effet de l'abus d'alcool retombait, poussant la jeune dans un état morbide.

Jordan dans ses bras, il se sentait mieux. Plus de dispute, plus de paroles blessantes. Il avait détester ce moment où ils avaient tout les deux été trop loin. La colère les a emporté et ça a été pour les deux comme se prendre un mur en pleine figure. Un choc à chaque fois que l’un parlait à l’autre, le cœur serré, ses bras l’entourant, il se sentait déjà beaucoup mieux et pourtant elle l’avait blessé. S’il devait retourner en arrière il ne changerait rien et c’est en y pensant qu’il s’en veut plus que jamais de lui avoir mal parler mais la douleur était à travers chacune de ses paroles. « Je t’aime aussi Jordan. » Il posait son menton sur son épaule en se baissant que très légèrement la serrant un peu plus contre lui. L’avoir dans ses bras c’était comme une bouffée d’oxygène à chaque fois. Dès qu’il s’emporte et qu’elle est là, il se calme, réfléchit, prend sur lui. Leur deux caractères ont toujours été en phase excepté ce soir où c’était une ambiance totalement chaotique. Ses larmes il les sentait en sentant sa respiration se saccadé et elles lui faisaient mal. « arrête de pleurer s’il te plait.. » il n’aimait pas la voir comme ça et étant quelqu’un à garder ses sentiments pour lui et rien que pour lui seul il ne pleurait pas avec elle-même s’il en avait terriblement envie. Il repensait à tout les moments qu’ils ont passé ensemble, et il n’y a jamais eut une seule dispute à part des chamailleries. Oui ils se chamaillent, et sans arrêt. Leur rapprochement lui retourne entièrement le cerveaux. Il n’arrive pas à cerné lui-même ce qui est entrain de se passer et n’aimerait pas envisager quoi que ce soit pour l’instant. Pour lui, Jordan est sa meilleure amie et il connait une partie de lui qui la dérange. Cette partie le dérange dans le sens où il n’est pas attiré par les jeunes femmes qui joue avec leur corps et pour qui l’amour n’existe pas. Un monde complètement paradoxal au sien. Ils sont différents et cette différence les rapproche malgré eux. On dit d’ailleurs souvent que les opposés s’attirent. Mais ils ne le sont pas complètement. La présence de la jeune femme ne pouvait que lui faire du bien pour toute la nuit, il serait rassuré de l’avoir près de lui en sachant qu’elle est encore dans un sal état. Il dépose un baiser sur son épaule et relève son visage pour croisé son regard. « Oui. Tu vas dormir avec moi. » il attrape ses deux mains les entremêlant avec les siennes et la regarde. Il la dévisage avec un regard perdu, comme s’il était seul en plein milieu du Sahara. « Je pense qu’on devrait parler demain quand tu iras mieux et que tu seras plus apte à parler. Et je ne dis pas que t’es out. Ok. Mais je préfère parler plus sérieusement quand t’es sobre. Et tu le sais. ». Son envie de la serrer fort contre lui, de ne plus la lâcher, de poser ses lèvres contre les siennes le fait frissonné. Il ne sait pas vraiment de quoi, toujours aussi perdu. Il dépose un baiser près de ses lèvres et l’attire de nouveau dans ses bras en remettant bien sa casquette. « Qu’est-ce que je t’aime Jordan. Pour rien au monde je voudrais te perdre ok ? J’ai déjà perdu la femme de ma vie c’est pas pour que je perde la deuxième. ».