« Vous êtes bien sûr de ne pas vouloir rester dans mon service ? » « Absolument. La pédiatrie ce n’est pas pour moi.. » « Très bien et vous voulez vous orienter vers quoi maintenant ? » « La cardio, c’est vraiment ce que je veux faire. » Il la regarde légèrement surpris et finit par hocher la tête en signe d’approbation. « Bien, dans ce cas bon courage Easthon. » « Merci Monsieur. » Et ce fut ainsi qu’après un léger signe de tête elle partit loin du service de pédiatrie. Elle n’aimait pas s’occuper d’enfant malade et devoir se sentir obligé d’avoir de la compassion auprès des familles des patients. Bien qu’en première année Paige ne pratiquait pas grand-chose, elle aimait assister le Docteur Sullivan. Chirurgien cardio-vasculaire, il était celui que la jeune femme admirait le plus, une sorte de Dieu pour elle. Paige voulait chaque jour passé dans cet hôpital être dans son service. Alors quand on lui avait dit qu’elle ferait un petit séjour en pédiatrie, elle avait perdu le sourire. Elle n’arrivait pas à rester concentrer dans un domaine qui ne l’intéressait pas et les personnes qui l’entouraient pouvaient le constater. Ce fut les raisons qui la poussèrent à la conquête de son bonheur. Pour ça, elle dû faire quelques sacrifices comme coucher avec le titulaire de la cardio et faire du chantage à l’un des interne pour qu’ils échangent leurs places. Finalement son plan marcha à la perfection et elle repartit dans le service qui lui plaisait.

L’heure du déjeuner arrivé, Paige rejoignait Lux et d’autres internes avec qui elle avait l’habitude de passer son temps libre. C’était en quelque sorte une seconde famille avec qui elle devait passer ses journées. Elle devait s’habituer à leurs présences, bien qu’avec son caractère, pas mal d’entre eux avaient du mal à l’apprécier. Une fois entrée à la cafétéria, la jeune femme se paya de quoi manger et partit à la recherche d’une table avec ses camarades. Il y avait pas mal de monde déjà entre les médecins et les familles qui étaient en l’attente d’une bonne ou mauvaise nouvelle. Pas une table n’était libre. « Oh y a de la place à celle-ci ! On sera juste en la compagnie des deuxièmes années, mais ne vous en faites pas je les connais. Ils voudront bien nous laisser nous asseoir. » Lança Tracy avant de se dirigeait à leur table. Paige ne broncha pas et suivit la troupe qui un à un s’installait aux côtés des deuxièmes années. La jolie brune occupa la dernière place. Lorsqu’elle vit qui se trouvait en face d’elle, Paige cru bien qu’elle allait lâcher son plateau à se demander si elle rêvait ou non. Elle finit par s’asseoir et c’est alors que le jeune homme posa son regard sur elle. « Salut.. » Finit-elle par dire après une hésitation. Que faisait-il ici ? Enfin ça elle s’en doutait, mais ne comprenait pas pourquoi jusqu’à présent elle ne l’avait pas croisé dans l’hôpital. Ça lui apprendrait à ne pas écouter sa sœur. En effet, celle-ci étant la meilleure amie de Gael avait gardé contact avec lui si bien qu’elle passait souvent ses week-ends avec le jeune homme. A chaque fois que Jaymia lui en parlait, Paige faisait la sourde oreille ou ne lui demandait jamais comment il allait. C’était trop dur pour elle et à part Nathan, elle avait tiré un trait sur son passé. Faisant comme si de rien n’était, Paige baissa la tête vers son assiette, commençant à manger.

Dernière édition par J. Paige Easthon le Mer 7 Mar - 1:53, édité 1 fois

C’était le premier jour de Gael en tant que résident. Il avait effectué son année d’internat l’année passée et avait obtenu ses examens sans aucun problème. Il était arrivé majeur du programme et avait eu le luxe de choisir sa spécialité. La neurochirurgie. C’était ce qu’il avait toujours voulu faire. Son titulaire, un homme touchant bientôt la quarantaine avait été sceptique à son sujet au départ, le trouvant trop détaché, trop froid avec les patients. Mais il avait su montrer de quoi il était capable et était bel et bien le meilleur dans cette spécialité. Il l’avait, à de nombreuses reprises, assisté et avait déjà beaucoup appris à ses côtés. Cette année serait légèrement différente. Il continuerait d’assister le titulaire en neurochirurgie mais en plus il aurait quelques internes dans les pattes à qui il devrait enseigner les bases et qu’il devrait manager. L’enfer pour Gael. Il ne les connaissait pas encore, mais les détestait déjà. La veille de son premier jour, retour de vacances de deux semaines, il reçu un appel d’un autre hôpital à propos de sa mère. Elle venait d’y être admise. C’est ainsi qu’il manqua la première semaine de travail. Le directeur de l’hôpital l’obligea presque à prendre du repos pour s’occuper de sa mère.
Mais il était de retour. Il faisait son apparition aujourd’hui même.

Il avait commencé par se rendre dans le bureau du directeur pour la paperasse. Il lui avait demandé si tout allait bien et comment allait sa mère. Il avait répondu que tout aller bien et qu’il était heureux d’être de retour à l’hôpital. Gael se rendit ensuite devant le tableau d’opération et y trouva son titulaire avec qui il échangea quelques mots avant d’être appelé sur une opération avec lui. Une simple ablation. Qui fut suivi d’une paire de complications. L’opération leur prit toute la matinée.
« On t’a filé la liste de tes internes ? Ca se passe comment avec eux ? » fit le titulaire en ôtant ses gants et en se lavant les mains dans l’arrière salle d’opération.
« Non pas encore, je ne les ai pas encore rencontré, le directeur les a donné à un autre résident en attendant mon retour, je devrais les rencontrer cette après-midi. »
« Certaines sont canons, jte souhaite de les avoir. »
Gael répondit par un léger sourire tandis que le titulaire sortait. Il termina de se laver les mains et ôta son masque et son calot qu’il jeta avant de sortir à son tour pour aller déjeuner.
Il s’installa à la table avec quelques amis de deuxième année qu’il venait de retrouver.
Les premières années débarquèrent à leur tour et s’installèrent à leur table. Il les snoba, pas du tout pressé de les connaître et de savoir de quels crétins il avait hérité. Il préférait manger en paix. Mais c’était sans compter sur la fille qui s’était installé en face de lui. Elle le salua et il releva la tête, foudroyé sur place. Un autre aurait pu croire que c’était Jay’ sa meilleure amie, mais il connaissait les jumelles par cœur et celle en face de lui n’était autre que Paige, son ex petite amie qu’il n’avait pas vu depuis 6 ans. Il crut voir un fantôme.
« Salut. » Fit-il en réponse aux quelques mots hésitant de la jeune fille. « Je savais pas que tu avais été admise en internat ici. » poursuivi le jeune homme entre deux coup de fourchette. Il finit par poser ses couverts, cessant de manger et se reculant dans son siège. « Tu as.. changée. » fit-il un peu gêné de n’avoir rien de plus à lui dire.

Les retrouvailles, elle les aurait préférés ailleurs qu’à une cafétéria pleine de monde. Ils étaient entourés et Paige ne voulait pas s’afficher en public, surtout qu’elle venait tout juste de démarrer sa carrière dans cet hôpital. C’était son rêve et la jeune femme ne voulait pas tout gâcher pour une simple querelle. Enfin elle imaginait qu’il devait lui en vouloir d’être partit comme ça, sans rien dire. Sa sœur elle, avait repris contact avec Gael. Alors pourquoi pas Paige ? Voilà à quoi elle s’attendait comme genre de remarque. Mais cela pouvait également aller dans l’autre sens. Ayant des nouvelles de Jaymia, pourquoi il n’en aurait pas recontacté sa jumelle également ? Enfin bref, dans un sens ils avaient tous les deux tords. Mais surtout Paige et elle le reconnaissait. Elle évitait son regard. La jolie brune avait un pincement au cœur lorsque son regard se posait sur le sien. Trop de souvenirs, bons comme mauvais refaisaient surface. Elle qui d’habitude se faisait remarquer pour son imposante personnalité, se faisait pour une fois toute petite. Elle ne disait rien, se contentant de regarder son plat et de le finir le plus vite possible pour s’en aller. Le fuir plus précisément. Elle avait peur qu’il lui pose des questions un peu trop personnelles et qu’elle ne sache pas quoi lui répondre. Paige espérait que leur conversation s’arrête à de simples salutations, mais cela aurait été trop facile. Tout comme elle, Gael ne savait pas qu’ils se trouvaient dans le même hôpital. « Je ne savais pas non plus que tu te trouvais là, si ça peut te rassurer. » Dit-elle un brin sec, relevant la tête pour lui faire face. Finalement, Paige ne le lâchait plus du regard, observant chacun de ses gestes. Les années avaient passés et il faisait plus mûr. Normal en même temps. « Tu as.. changée. » Elle esquissa un léger sourire et lui répondit « Toi aussi à ce que je vois.. Mais en bien. » Paige passa une mèche derrière son oreille, le regardant encore. Son bipper se mit à sonner et elle l’attrapa pour le regarder. Elle se leva en vitesse. « Désolé je dois y aller, une urgence. » Elle fit un léger signe de tête au garçon et partit de la cafétéria, laissant son plateau sur la table.

Après avoir finalement vérifié si le patient allait bien, Paige poursuivit ses visites. Le bipper se mit à sonner et un sourire s’afficha sur ses lèvres, quittant la chambre du patient où elle se trouvait. Son résident venait d’arriver et elle allait enfin pouvoir le connaitre. Cela faisait maintenant une semaine qu’elle avait commencé et la jeune femme s’était retrouvé avec un autre résident en attendant que le sien arrive, ayant pris une semaine pour lui. Elle alla rejoindre les autres qui se trouvaient dans le hall de l’accueil en attendant leur résident. Soudain, elle le vit arriver. C’était Gael. « C’est pas vrai.. » Murmura-t-elle sur le coup. Il commença à se présenter, puis il finit par ordonner à ses internes de retourner à leurs occupations. Paige s’avança vers lui. « Bon et bien il faut croire que tu vas me superviser. » Un faux sourire se dessina sur son visage, puis elle se retourna pour retourner à ses visites.

C’était complètement surréaliste. Il était en face d’une jeune femme qui l’avait quitté ou plutôt abandonné alors qu’ils n’étaient encore qu’en fin d’adolescence. Elle avait changée, murit et était devenue une femme, dans le début de sa vie d’adulte. Il aurait pu se sauver l’esprit en se disant qu’elle n’était pas Paige, qu’elle n’était pas sa jumelle à lui, il aurait pu imaginer intimement qu’elle était Jay’ la jumelle de Nathan, avec qui il avait pu garder contact. Mais c’était impossible. Il la reconnaissait, il l’aurait reconnu parmi mille jumelles Easthon. Il aurait préféré la voir ailleurs, ou ne plus la voir du tout. La revoir réveillait en lui quelque chose d’étrange, une sensation dont il n’avait pas l’habitude. Il pensait qu’à force de revoir Jay’ il se ferait à l’idée de revoir Paige mais s’était trompé. Et elle n’avait jamais demandé après lui non plus. C’était trop étrange, trop de temps s’était écoulé. C’était génant ce malaise entre eux. Pourquoi devait-il être la ? Après tout, c’était terminé, ils avaient tout deux beaucoup changé, l’autre pervers était mort, fin de l’histoire. Il ne l’avait jamais dis à Jay’, ne trouvant pas les mots pour le lui avouer, qu’il avait tué leur tortionnaire. Il se demandait s’il le dirait un jour d’ailleurs.
Ils échangèrent quelques mots, des banalités, le genre de choses que l’on dit quand on se voit tous les jours et que l’on a plus rien à se dire. Pourtant ces deux là ne s’était pas vu depuis 6 ans. Gael ne paraissait pas particulièrement mal à l’aise. Pour la simple raison qu’il avait toujours su se planquer. Il était là, froid, à cette table, en face de sa première petite amie, en face de la seule d’ailleurs. Elle par contre, cherchait de toute évidence une échappatoire. Et elle se rua sur son bipeur et l’urgence qui l’appelait. Il sourit légèrement et l’excusa d’un signe de tête. Il en aurait fait de même.
Il souffla légèrement lorsqu’elle fut parti, observant son plateau laissé là à l’abandon. Il sourit et se saisit du dessert de la jeune femme, une part de muffin au chocolat. Il quitta à son tour la table et se rendit dans les bureaux pour se saisir de la liste de ses internes et de leur numéro de biper. Il y avait Paige dans la liste. Il aurait bien échangé avec un autre résident mais ceux là étaient là depuis une semaine déjà et devaient s’être habitués à leur groupe. Il soupira avant de programmer son propre bip pour tous les appeler à le rejoindre dans le hall.
Il les laissa un court instant poireauter, il savait combien s’était excitant d’attendre de voir la tronche de son résident. Il en profita pour boire un chocolat au lait et se dirigea enfin vers le hall. Il les observa un temps de loin en discutant avec son titulaire, plaisantant puis les rejoint d’un pas assuré.

« Bonjour à tous, je ne suis pas du tout ravi de vous rencontrer et vous allez tous me détester. Je suis le résident Gael Marshall. Vous m’appellerez Gael parce que c’est plus simple mais ne commencez pas à croire que l’on est ami. Je me fou complètement de vos prénom alors pour moi vous serez numéro 1, 2, 3 et 4 » fit-il pour débuter en terminant sur Paige. « Quand je vous bip, vous rappliquez dans la minute, si vous me bipez, vous avez intérêt à ce que ça soit vraiment urgent et que le patient soit toujours en vie quand j’arrive, j’ai horreur qu’on me dérange pour rien. Pas d’échange de place, si je donne une opération à numéro 1 c’est elle que je veux voir au bloc. On ne discute pas mes ordres. Voilà pour les présentations, maintenant, je vous veux aux consultes, je passe dans chaque chambre et je veux que vous me fassiez le rapport complet sur le patient et la raison de sa présence ici. Au boulot. » Termina-t-il. Paige resta un temps planté devant lui, pour dire quelques mots avant de filer. Il la rattrapa par le bras.

« Paige.. Tiens, je m’en voudrais qu’un de mes internes s’effondre pour mon premier jour » Il lui tendit son dessert oublié à table.

Ils se retrouvaient à présent à quatre devant leur nouveau résident. Elle ne connaissait que l’une d’entre elle qui n’était autre Sally. Les deux autres avaient été ensemble avec un autre résident, pendant qu’elles s’étaient retrouvées toutes les deux également avec un autre résident en attendant que le leur arrive. Celui qu’elles avaient eu en remplaçant était assez cool avec ses internes si bien qu’il les laissait faire ce qu’il voulait. Du temps qu’ils ne l’embêtaient pas et qu’ils ne marchaient pas sur ses plates-bandes dans la traumatologie, les internes étaient tranquilles et pouvaient faire ce qu’ils leurs plaisaient. Mais il fallait croire que maintenant cela allait changer. Numéro quatre ? Sérieusement ? Elle fut assez surprise qu’il leur parle comme s’ils n’étaient que des moins que rien. Paige n’avait pas envie qu’on l’identifie à un numéro. Ce genre de chose pouvait facilement coller à la peau d’une personne et le surnom une fois lancée ne là lâcherait plus. Le fait qu’il soit en deuxième année et qu’il les supervise ne l’autorisait pas à les traiter de la sorte. Quoi qu’en y réfléchissant, Paige n’aurait certainement pas fait mieux. La jeune femme savait être un vrai tyran quand il le fallait et à l’université elle avait su l’être lorsqu’il le fallait et pas qu’une fois.

Enfin bref, après avoir fini de se présenter, Gael leur ordonna de repartir à leurs occupations et les trois autres ne bronchèrent pas. Seule Paige resta et s’approcha de son ex petit ami. Elle lui glissa quelques mots. C’était peut-être déjà un peu plus qu’à la cafétéria. La jolie brune finit par reprendre son chemin, mais c’était sans compter sur Gael qui l’attrapa par le bras pour qu’elle s’arrête. « Paige.. Tiens, je m’en voudrais qu’un de mes internes s’effondre pour mon premier jour » Elle le regarda assez intriguée jusqu’à ce qu’il lui tende un muffin. Il était vrai qu’en partant précipitamment de la salle de repas, elle n’avait pas eu le temps de terminer le sien. « Euh.. Merci c’est gentil. » Paige ne s’attendait pas du tout à ce qu’il ait ce geste envers elle. La jeune femme lui sourit légèrement et repartit à ses visites, mangeant le muffin sur le chemin. Elle passa dans chaque chambre qu’elle devait consulter et au bout d’un moment, Gael arriva dans l’une d’elles. Il lui demanda alors de lui faire un rapport sur le patient. Paige leva les yeux vers son résident, ne se préoccupant plus du patient. « Ashton Kendry, admit en raison de douleurs au pied droit. On lui a fait des radios qui montrent une infection dans l’os. Il faut donc lui amputer le pied, sinon l'infection peut se propager dans tout le corps par le sang et causer une septicémie puis la mort du patient. » « Attendez, quoi ?! M’amputer le pied, vous êtes sérieuse là ?! » Paige se tourna alors vers le patient, consciente qu’elle venait d’en dire trop. « Oui l’amputer.. C’est soit ça, soit mourir. A vous de choisir. » Elle referma le dossier et après un léger signe de tête à Gael pour lui faire comprendre qu’elle s’éclipsait, Paige partit de la chambre.

Pour ça il n’avait pas changé. Il avait toujours été un garçon très attentionné, de façon souvent surprenante. C’était chose innée chez lui et bien qu’il sache que ça puisse passer pour de la drague, c’était plus fort que lui. Ca n’était pas de la drague. Non pas qu’elle ne soit pas séduisante, il l’avait toujours trouvé très séduisante et pour cause il était sortie avec. Mais c’était terminé. Elle l’avait abandonnée, elle était devenu une autre fille loin de lui, il ne la reconnaissait pas vraiment, il n’aurait su dire ce qui avait changé mais elle lui semblait différente. Lui était resté ce garçon appart, en retrait, celui qu’on trouve bizarre ou même complètement taré, plutôt froid en dehors de ces petites attentions étranges.
Maintenant qu’il était son supérieur, c’était d’autant plus important de fixer les limites, même s’il se doutait qu’avec elle, ça serait plus difficile qu’avec les autres. D’une part parce qu’il allait avoir du mal à la traiter comme les autres, d’autre part parce qu’elle ne se laisserait surement pas faire comme les autres. Il n’y avait qu’à voir le premier contact. Les autres avaient filés droit, ne lâchant pas un mot et exécutant ses ordres. Elle, elle était restée sur place et avait échangé quelques mots avec lui avant de se rendre aux consultes.
Il passa dans les quelques chambres et écouta les rapports de chaque interne après quoi il leur demanda leur diagnostic ou la marche à suivre et les recadra le cas échéant. Certains allaient trop vite en besogne, d’autre avaient peur de se jeter à l’eau. Il avait connu ça. Il se montra sévère pour ceux qui allaient trop vite, les avertissant qu’avec un tel comportement, un jour ils tueraient un patient, et fut moins stricte envers les hésitants, ceux là finiraient par prendre confiance en eux, inutile de les enfoncer. Il termina avec numéro 3 et se rendit dans la salle de Paige.

« Bonjour monsieur, je suis le docteur Marshall. Je t’écoute Easthon. » fit-il en entrant.
Elle débita le diagnostic et ce qu’elle en déduisait. La déduction était la bonne, ce type n’avait en effet plus aucune chance de garder son pied où il risquerait bien pire qu’une amputation. Cependant, le ton qu’elle prit pour l’annoncer ainsi devant le patient fut absolument détestable. Gael lui lança un regard noir. « Tu m’attends à l’extérieur. » Lâcha-t-il sèchement. Il attendit qu’elle soit sortie et vint plus près du patient, s’asseyant sur le coin de son lit.
« Je suis désolé, les examens ont révélés des lésions très importantes. Si nous n’agissons pas au plus vite, au mieux l’infection se répandra un peu plus encore et l’amputation sera plus importante, dans le pire des cas, comme l’a dit mon interne, vous pouvez en mourir. » Il fit une pause, laissant le patient prendre conscience de la situation. « Les chercheurs ont fait des progrès énorme en terme de prothèses et vous pourrez marcher de nouveau dans quelques mois de rééducation. Nous aurons besoin de votre accord pour cette opération. » continua-t-il en lui tendant la décharge à signer. « Je vous laisse le formulaire. Faites vite même si c’est compliqué. » Termina Gael avant de sortir à son tour.

« Easthon, t’as perdu la tête ?! Ce type va se faire amputer d’un pied et tu lui annonces comme s’il venait de perdre un billet de 10 dollars ? C’est le genre de diagnostic que tu me laisseras annoncer à l’avenir. » Commença-t-il de toute évidence énervé, il commença à se tourner de nouveau vers la porte de chambre puis de nouveau vers Paige pour poursuivre. « T’as le droit d’être insensible, que ça te fasse ni chaud ni froid, c’est ton droit. Mais tu n’as pas le droit d’être condescendante. C’est inhumain. Chaque fois que tu annonces ce genre de trucs, un cancer incurable, une mort certaine, une amputation… Chaque fois que la vie du patient risque d’en être profondément bouleversé, fais comme si tu l’annonçais à un proche. Tu l’aurais annoncé comme ça à Jay’ ou à ta mère ? » Il se reprit, ayant élevé le ton puis souffla légèrement, détournant le regard pour jeter un œil aux environs et cesser de la foudroyer par la même occasion.

Elle faisait souvent des gaffes, mais la plupart du temps Paige ne s’en rendait pas compte. Elle blessait sans arrêt les gens qu’elle ne le veuille ou non. La jeune femme ne savait pas s’y prendre avec eux et en particulier avec les patients lorsqu’il y avait des annonces de ce genre à leur faire. Paige se montrait toujours froide, sans aucune attache envers eux. Cela pouvait déplaire, comme à Gael qui était apparemment énervé contre la jeune femme. La preuve, il voulait qu’elle l’attende à l’extérieur de la chambre. Le pire c’était qu’elle ne comprenait pas et ne savait pas ce qu’elle avait bien pu faire de mal. Pour Paige, elle avait agi normalement. Bon il était vrai que ce n’était pas à elle de l’annoncer au patient et surtout ainsi, mais c’était on va dire sortit tout seul et le résultat restait le même, le malade savait son diagnostic. La jolie brune attendait donc à l’extérieur que son résident termine de parler à Monsieur Kendry. Elle le regardait par la fenêtre, le voyant assit sur le lit du patient avec ce regard compatissant. Paige ne comprenait pas comment il arrivait à être comme ça. Pour sa part, quand elle tentait de se montrer gentille avec eux, cela se voyait qu’elle ne pensait pas un mot de ce qu’elle disait. On voyait de suite qu’elle était fausse, et que c’était une corvée pour elle de leur parler ainsi.

Gael finit par sortir de la chambre et il ne tarda pas à s’en prendre à la jeune femme. Elle l’écoutait, fronçant les sourcils à chacune de ses remarques. Elle restait là, les bras croisés, attendant qu’il finisse de s’en prendre à elle comme ça. On pouvait par moment l’entendre bredouiller ou encore soupirer, mais ce ne fut que lorsqu’il cessa de parler que la jeune femme se mit à lui répondre. « Excuses-moi mais je n’arrive pas à me montrer comme tu viens de le faire, j’y peux rien je suis comme ça ! Chacun à sa manière de l’annoncer tout comme d’y réagir.. » Elle s’avança un peu plus vers lui. « Et l’annoncer à l’un d’entre eux ou à ma famille, ça n’a rien à voir alors ne compare pas ! » Paige se retourna s’apprêtant à partir, mais elle finit par se tourner encore vers Gael. « Désolé si tu n’as pas hérité de la merveilleuse interne parfaite qui sourit tout le temps et qui est gentille avec tout le monde ! Quoi que si, tu auras peut-être un peu plus de chance avec Sally, mais pas avec moi. » Elle haussa des épaules et reprit sa route pour de bon cette fois. C’était peut-être un peu trop excessif. Avec un autre résident elle n’aurait jamais répondu, mais c’était Gael et il était loin d’être un étranger pour elle. Paige repartit donc à ses visites et ce ne fut pas parce qu’il venait de la sermonner qu’elle se montrait plus agréable avec ses autres patients. Tout ce dont elle avait envie c’était d’aller en salle d’opération avec le Dr Sullivan, histoire de se retrouver dans son élément. Mais non, elle devait pour l’instant finir ses visites. Ce ne fut que lorsqu’elle termina que la jolie brune partit voir sur le tableau si le titulaire de cardio avait une opération. Dans dix minutes, c’était parfait. Elle partit donc lui demander si elle pouvait se joindre à lui et après qu’il eut accepté, Paige commença à se préparer. Mais elle entendit son biper, c’était Gael. Elle soupira et sortit de la salle de préparation pour retrouver son résident. « Il y a une urgence ? Non parce que je dois aller en salle d’opération donc j’espère que ce n’est pas important. »

Il était bien placé pour comprendre le comportement de Paige. Il avait lui-même eu du mal avec la compassion. C’était un sentiment qu’il n’éprouvait pas. Et puis son supérieur lui avait appris le bon comportement à avoir. Lui aussi avait fait cette erreur de débutant. Il était pourtant en colère contre Paige. Il aurait aimé qu’elle fasse cette erreur avec un autre résident. Il aurait aimé ne pas être son résident. Ils avaient été trop proches à une époque, ils se connaissaient trop bien pour qu’il soit le même avec elle qu’avec les autres. C’était pas naturel, ca leur semblait étrange à tous les deux. D’ailleurs la façon dont elle pesta contre lui à chacune de ses remarques et la façon dont elle lui répondit par la suite vint confirmer ses craintes. Elle ne le considérait pas comme son résident. Si ca avait été un autre résident qui lui avait fait ces remarques, elle se serait tue et aurait encaissait. Avec lui, elle se permettait de répondre. Elle ne devait pas se le permettre. Elle n’apprendrait pas si elle ne le laissait pas se poser un minimum comme son professeur. Il la laissa partir, conscient que s’il la rappelait encore, il s’énerverait pour de bon et c’était hors de question. Elle lui répondit comme une gosse et tourna les talons. Elle lui parla d’une certaine Sally qu’il ne connaissait pas. Elle devait être l’un des trois autres numéros.
Il passa dans les autres chambres, comprenant qui était Sally lorsqu’il vit sa deuxième interne féminine. Les 3 s’en sortirent plutôt bien et il les envoya s’occuper des urgences pour leur faire faire quelques points de suture. Il s’apprêtait à biper Paige lorsqu’une jeune femme entra dans l’hôpital complètement désorientée. Il vit sa détresse et vint à sa rencontre, l’aidant à marcher. Il l’emmena vers un lit aux urgences et demanda à l’un de ses internes masculins, numéro 1 de s’occuper d’elle. Il s’éloignait pour voire comment numéro 2 s’en sortait avec ses points de sutures lorsqu’un cri attira son attention. Numéro 1 venait de déclancher un véritable cri de panique auprès de la jeune femme. Gael s’approcha alors lentement et fit signe à l’interne de s’écarter.

« Tout va bien… Je vais vous appeler quelqu’un d’autre. » Il bipa Paige. Cette fille avait de toute évidence subit un viol. Il n’aurait su dire par qui mais c’était indéniable. L’absence de lésions indiquait qu’elle ne s’était pas débattu et il pencha pour une histoire similaire à celle de Paige. Prendre cette patiente en charge lui ferait peut-être comprendre ce qu’il avait essayé de lui expliquer plus tôt. Il l’attendit et lorsqu’il la vit arriver s’en approcha.

« Tu n’iras pas en salle d’op aujourd’hui numéro 4, c’est moi qui décide de ça parce que tu es mon interne. Ici je ne suis pas Gael, je suis ton résident, et ton résident te dit que tu vas rester ici et t’occuper de cette jeune fille qui vient d’arriver. Elle a surement été violée. Tu es incapable de compassion et c’est très bien vois-tu parce que c’est ce que je voulais te dire tout à l’heure avant que tu ne fasses ta tête de mule. Un médecin ne doit pas être compatissant avec ses patients, il doit seulement en avoir l’air. Parce que si tu n’en a pas l’air, ils te détestent et ne se sentent pas en sécurité, et si tu l’es vraiment, compatissante, si tu te mets à ressentir à leur place, alors tu craqueras avant même d’être nommé résidente tu m’entends ? C’est au dessus de nos forces de supporter leurs souffrances, mais c’est ton devoir de futur chirurgien que de faire comme si c’était le cas. Au boulot. » Fit-il tandis qu’ils étaient légèrement à l’écart. Il l’observa alors, ne restant pas loin au cas où, s’occupant de ses autres internes.